Le cerf

Le cerf, 2006, bois, verre, métal et néons, 167x95x55cm


Si l'on perçoit d'abord le cerf comme une sculpture figurative à la pose figée, on est aussitôt frappé par l'image violente produite par les deux néons, l'un planté dans son flanc droit, l'autre transperçant son crâne. Ces sources de lumière font écho à celles du cerf crucifère ; le cerf crucifère est, d'après la légende dorée, un animal illuminé par l'apparition du Christ en croix au coeur de ses bois. Dans la représentation chrétienne, la figure du cerf dieu oppose l'exubérance organique et végétale des bois à la rigueur géométrique de la croix.

Le cerf, 2006

La sculpture du cerf est une construction qui exhibe sa structure ; un corps écorché dont les organes sont une distribution d'espaces internes occupés par des figures féminines et des composants électriques. Le corps est une construction et le bâtiment est un grand corps ; cette idée n'est pas neuve puisqu'on la retrouve à travers de nombreuses sources picturales (exemple de la vierge représentée comme une église puisque, comme ce lieu de culte, elle a été le contenant du corps du Christ).


Le cerf, 2006

Le corps squelette de la sculpture contient un habitacle de verre lui-même divisé en volumes architecturaux. Certains sont des pièces au mobilier minimaliste et occupés par de rares figures féminines, d'autres contiennent des éléments électriques participant au fonctionnement des néons.

intérieur du cerf, 2006, tirage photo 30x40cm


La partie architecturée s'apparente à une maquette de labyrinthe composée de différents espaces à travers lesquels la lumière, blanche colorée ou indirecte, se diffuse et crée diverses atmosphères nocturnes et artificielles. La lumière est la force unifiant l'ensemble de la sculpture.



intérieur du cerf, 2006, tirage photo 30x40cm


On peut se poser des questions quant aux occupantes du labyrinthe. Les jeunes femmes font-elles partie de la clientèle ou du personnel de cet endroit ? Peuvent-elles utiliser les ascenseurs, escalator et diverses ouvertures entre les parois pour circuler ou tout au moins communiquer les unes avec les autres? Leurs présences clairsemées soulignent le vide et elles sont moins les occupantes du lieu que les témoins de moments qui se succèdent. En les réunissant toutes en un même espace, on prend conscience de la vie vécue comme un parcours répétitif et inévitablement marqué par le vieillissement.